Frapper sans toucher : la violence verbale contre les Femmes au Sénégal, un calvaire dans les ménages.

Au Sénégal, la violence verbale est la forme la moins abordée des Violences Faites aux Femmes et pourtant, elle est la plus répandue et surtout,  la plus vicieuse.
Par la force des us et coutumes, cette violence verbale est devenue une habitude qui passe inaperçue du grand public, sauf pour celles qui en sont victimes.

La violence verbale, qu’est-ce que c’est ?

Ce sont des paroles dénigrantes répétées à souhait, visant à blesser, à rabaisser, à écorcher la victime dans son estime d’elle-même.
Le but de l’agresseur est surtout de créer dans l’esprit de la Femme l’illusion qu’elle est inutile, inférieure, idiote, laide…

L’abus verbal n’est pas sans conséquence émotionnelle et peut se manifester comme suit :

Humiliation : mots blessants, surnom ridicule, taquineries incessantes
Injures, insultes, menaces, chantages
Commentaires, remarques, dénigrements des capacitésintellectuelles
Le ton
Le silence
La violence verbale sexuelle : insultes et menaces pour refus de rapports sexuels, menaces de viol, accusations publiques de rapports sexuels « illégitimes »

 

La violence verbale contre les Femmes au Sénégal

Au Sénégal, la toute première manifestation de la violence contre les Femmes est sans aucun doute l’ insulte de mère.

Culturellement, pour blesser un individu dans son égo, on dénigre sa mère de la plus vile des manières.
Et, de manière globale, la société y est tellement
accoutumée, qu’anesthésiée, ces insultes de mère font partie intégrante de la vie  du « type de sénégalais contemporain ».
Outre les insultes de mère, on a les formules empreintes de fausse sagesse qui ne sont rien d’autre qu’une façon d’écraser la Femme. D’ailleurs, l’expression 
« Jabbar dong ngeu »en est une parfaite illustration.
Intégrée dans la mentalité des sénégalais, elle rappelle à la
Femme que son statut d’épouse est moindre. Qu’elle n’a pas son mot à dire, qu’en tant qu’épouse, est elle juste une subalterne.

Quelques chiffres.

Selon le rapport d’enquête publiée par Interprofessionnel de travailleuses et de travailleurs, Union démocratique des travailleurs du Sénégal en 2018 sur les VFF, « la forme de violence la plus répandue est la violence verbale. Elle touche un effectif de 241 femmes sur un total de 330 victimes de violence, soit un taux de prévalence de 73,03% ».

Le milieu professionnel et celui scolaire très favorable à la violence verbale envers les femmes. En milieu domestique, la violence verbale est évaluée à 46,5%. La violence provient le plus souvent du conjoint, les inconnus représentent moins d’une (1) réponse sur dix (10).

Au Sénégal, le cadre le plus propice à la violence verbale est le milieu conjugal. En effet, on connait tous une proche (si ce n’est nous-mêmes) dont le mariage est rythmé par la violence des mots martelés par son conjoint.
Ce sont souvent des interdictions, des ordres, des sarcasmes, des hurlements /éclats de voix, des commentaires dégradants, des accusations injustifiées, des reproches

Le but du mari (verbalement) violent n’est autre que contrôler, manipuler pour créer une tension dans le cadre familial et instaurer chez la femme un sentiment de peur, d’insécurité.
Le per
sonnage du mari verbalement violent, communément appelé « Pa Allemand » en est un exemple.
On connait tous un « Pa Allemand »
dans notre quartier.

Il est important de souligner qu’on retrouve dans ce genre d’atmosphère familiale une volonté perverse de blesser pour se sentir supérieur.

Un besoin narcissique d’intimider pour affirmer sa masculinité.

Que dit la loi sénégalaise ?

C’est dans le Code Pénal qu’on trouvera notre réponse. Il faut signaler que les dispositions du Code pénal concernant les violences verbales sont générales et ne concernent pas spécifiquement les VFF.

Comme vu précédemment, il existe plusieurs formes de violences verbales.
Et certaines d’entre elles sont expressément punies par la loi. Il en est ainsi de « la menace verbale avec ordre ou sous condition », « la menace de voies de faits ou autre ». Egalement, nous avons les délits commis contre les personnes que sont :

Les infractions commises par moyen de diffusion publique : menaces / cri dans des lieux publics ou de réunion (article 248 du Code Pénal)
L’accusation en public ou diffamation (articles 258 et 261 du Code Pénal)
L’injure envers les particuliers (article 262 du Code Pénal)

Les peines prévues pour ces infractions (ci-dessus nommées) sont l’emprisonnement et l’amende. Le juge peut décider de cumuler ou non les peines. C’est-à-dire qu’il peut choisir soit l’emprisonnement soit l’amende comme peine. Mais il peut aussi décider de faire appliquer les deux peines en même temps.

Ce qu’il faut comprendre

La violence verbale est une stratégie de cruauté. Ce sont des coups portés à votre estime de vous-même. L’agresseur prend plaisir à vous savoir dans le tourment, il connait votre point faible et use des mots pour appuyer là où ça fait mal. Il veut diminuer votre valeur.

Il ne faut jamais hésiter à dénoncer de tels comportements si vous en êtes victime car la violence verbale est un signe avant-coureur de la violence physique.

Si vous êtes victime de violences conjugales,

si vous avez besoin d’accueil, d’écoute et de conseils, n’hésitez pas à remplir la fiche d’adhésion sur le site https://vffsenegal.org/

ou envoyez un message à la page facebook https://www.facebook.com/ViolencesFaitesauxFemmesSenegal/

 

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